Il a exposé cette année-ci deux grands
tableaux en hauteur. Le premier représente le lever du
Soleil qui sort du sein de
Neptune, & va donner la lumiere à l'univers. Le Peintre a embelli son sujet de toutes les divinités qui sont à la suite de
Thetis, & servent à son triomphe. Il y a prodigue, sans beaucoup de choix ni d'ordre, les
Nayades & les
Tritons dont quelques-uns sont peints avec force & d'un bon ton. Quoique la mer paroisse agitée, on y voit toutes ces divinités dans un repos parfait & assés peu
vrai-semblable. Le Peintre a donné à ces beautés maritimes toutes les graces de celles de la terre. Une entr'autres qui paroît dans un
groupe & ne laisse voir que son visage, a dans sa
phisionomie tout le
piquant & le
voluptueux que l'on peut y mettre, & a fixé les regards & les éloges de plusieurs spectateurs aux dépends de tout le reste du tableau. On a critiqué avec justice l'
attitude du dieu de la lumiere qui est extrêmement contrainte, & dont la
tête violemment panchée en arriere sans raison & sans
expression produit un effet désagréable. La lire qu'on lui presente, est assés hors de propos. Si le peintre eut été plus versé dans l'histoire poëtique, il auroit su que lorsque l'on donnoit des noms différents à la même Divinité, c'étoit ordinairement pour désigner ses diverses fonctions. La
Lune étoit honorée sous le nom de
Diane dans les forêts auxquelles elle présidoit, mais elle étoit encore
Hécate dans les Enfers où elle tenoit un autre empire, aussi bien que dans le Ciel sous son nom ordinaire. Il en étoit de même Dieu du
Soleil; placé sur l'
Helicon, au milieu des Muses, c'étoit
Apollon le Dieu de l'
harmonie & de la
poësie. Mais dans le Ciel monté sur son char, tenant les rênes de ses
chevaux, & & éclairant notre hemisphère, ce n'est plus
Apollon mas le
Soleil, & une lire alors dans ses mains, si l'on eut pû l'y placer, eut été une inattention du peintre trop remarquable. Un peu plus de lecture lui eut épargné cette faute dans l'historique de son sujet.